
Travailler quelques heures de plus que prévu n’a rien d’exceptionnel : dans de nombreuses entreprises, cette pratique fait partie du quotidien. Pourtant, derrière cette apparence de routine, deux réalités coexistent : les heures supplémentaires et les heures complémentaires. À première vue, la différence semble subtile, presque anecdotique. Mais en y regardant de plus près, tout change.
Plan de l'article
Heures supplémentaires et complémentaires : de quoi parle-t-on ?
Les heures supplémentaires et les heures complémentaires désignent toutes deux des périodes de travail effectuées au-delà de la durée fixée par le contrat de travail. Mais tout réside dans la nature de ce contrat : les premières concernent les salariés à temps plein, les secondes s’adressent aux travailleurs à temps partiel. Voilà le point de départ.
Le Code du travail, via son article L3121-27, fixe la durée hebdomadaire standard à 35 heures pour un poste à temps plein, et à 24 heures par semaine (ou 104 heures mensuelles) pour un contrat à temps partiel. Ces seuils peuvent varier légèrement à la faveur d’accords collectifs, mais ils restent la référence.
Concrètement, si un employé à temps plein dépasse le cap des 35 heures, il effectue des heures supplémentaires. À l’inverse, lorsque le salarié à temps partiel travaille au-delà de la durée indiquée dans son contrat, il s’agit d’heures complémentaires. La différence n’est donc pas qu’une question de chiffres : elle engage le statut et les droits du salarié.
Des limites précises pour encadrer les dépassements
La loi ne laisse aucune place à l’improvisation concernant la durée maximale de travail. Il existe des plafonds à ne pas dépasser, pour protéger la santé des salariés et garantir un minimum d’équité. Voici les principales limites en vigueur pour les heures supplémentaires :
- Pas plus de 10 heures par jour, sauf dérogation exceptionnelle pouvant porter ce plafond à 12 heures.
- Un maximum de 44 heures par semaine calculé sur 12 semaines consécutives, seuil relevé à 46 heures dans certains cas (autorisation de l’inspection du travail ou accord collectif).
- Une limite absolue de 48 heures sur une seule semaine, qui peut atteindre 60 heures uniquement dans des circonstances très encadrées et sous réserve d’accord explicite de l’inspection du travail.
Pour les salariés à temps partiel, le système fonctionne différemment. Les heures complémentaires ne doivent jamais dépasser 10 % du temps de travail fixé par le contrat. Toutefois, une convention collective peut autoriser un dépassement allant jusqu’à un tiers de la durée initialement prévue. Mais une règle reste intangible : ces heures additionnelles ne doivent en aucun cas faire franchir au salarié le seuil légal de 35 heures hebdomadaires, ni l’amener au-delà d’une durée inférieure imposée par l’employeur.
Rémunération : quelle contrepartie pour les salariés ?
Effectuer des heures en plus ne rime pas seulement avec fatigue : c’est aussi un levier pour augmenter son salaire. Les heures supplémentaires ouvrent droit à une majoration : pour les huit premières heures au-delà de la 35e, le taux grimpe à 25 %. Les heures suivantes poussent la majoration à 50 %. Les accords collectifs peuvent baisser ce pourcentage, mais il ne descend jamais sous les 10 %. Par ailleurs, l’employeur peut choisir, en tout ou partie, d’accorder un repos compensateur à la place du supplément financier.
Pour les salariés à temps partiel, la logique change. Les heures complémentaires réalisées dans la limite de 10 % du temps prévu bénéficient d’une majoration de 10 %. Si ce seuil est franchi, la rémunération additionnelle monte à 25 %, comme pour les heures supplémentaires des temps pleins. Impossible, en revanche, de transformer ces heures en temps de repos compensateur : la rémunération reste la seule option.
Côté fiscalité, un plafond s’impose : le dispositif de défiscalisation sur ces heures supplémentaires ou complémentaires ne s’applique que tant que le salarié ne dépasse pas 5 000 euros nets par an au titre de ces heures.
Maîtriser ces règles, c’est éviter les mauvaises surprises et défendre ses droits. Les limites, les taux, les subtilités du Code du travail : tout se joue dans les détails. La prochaine fois que la pointeuse s’affole ou que le planning déborde, chacun saura à quoi s’en tenir.




















































